« Pour cette séquence, je voudrais une musique neutre, une musique qui ne dérange pas, tu peux me trouver ça ? » Combien de fois ai-je entendu cette phrase, et combien de fois a-t-il fallu que j’écoute et écoute encore des morceaux auxquels je portais un intérêt aussi minimal que l’émotion qui s’en dégageait !!
Mais c’était pourtant ça l’idée, et il résultait finalement de mes écoutes un groupe cohérent de morceaux où l’émotion était si peu exprimée que je pouvais les considérer comme neutres. Et pourquoi synchroniser une musique dite « neutre » à des images, c’est-à-dire une musique qui, par sa non-expression, n’exprime justement rien ? Quelle différence y a-t-il sur une même séquence, entre synchroniser une musique dite « neutre » à des images ou ne pas mettre de musique du tout ? S’il y a une différence n’est-ce donc pas justement parce que la musique supprime la neutralité et crée une expression que les images seules ne peuvent rendre ?
Alors la musique neutre existe-t-elle vraiment ?
Lorsqu’enfin je trouvais des morceaux qui me semblaient « neutres » et correspondre à la demande du réalisateur, je m’apercevais qu’ils avaient tous les mêmes caractéristiques. Pas de mélodie ou si infime qu’elle n’exprimait rien, un rythme existant certes, mais sans attrait, des timbres plutôt synthétiques où l’expression d’un interprète faisait évidement défaut. Cela ressemblait bien plus à un agencement technique de sons et de rythmes qu’à de la musique.
Dark Future – Achim Zweschper
Mais l’art du reportage, car c’est surtout pour le reportage que l’on me faisait cette demande, a aussi ses canons, ses habitudes, ses schémas. Et l’un d’entre eux consiste à simplement souligner le commentaire ou les images de transition entre deux séquences. Dans ce cas, une musique neutre rythme le reportage sans donner de point de vue, elle souligne, renforce, accentue des contrastes. Elle est alors comme la ponctuation dans un texte, une articulation pour aller d’une idée à l’autre, d’une séquence à l’autre, pour reprendre son souffle et assimiler.
Neutre
« Pour cette séquence, je voudrais une musique neutre, une musique qui ne dérange pas, tu peux me trouver ça ? » Combien de fois ai-je entendu cette phrase, et combien de fois a-t-il fallu que j’écoute et écoute encore des morceaux auxquels je portais un intérêt aussi minimal que l’émotion qui s’en dégageait !!
Mais c’était pourtant ça l’idée, et il résultait finalement de mes écoutes un groupe cohérent de morceaux où l’émotion était si peu exprimée que je pouvais les considérer comme neutres. Et pourquoi synchroniser une musique dite « neutre » à des images, c’est-à-dire une musique qui, par sa non-expression, n’exprime justement rien ? Quelle différence y a-t-il sur une même séquence, entre synchroniser une musique dite « neutre » à des images ou ne pas mettre de musique du tout ? S’il y a une différence n’est-ce donc pas justement parce que la musique supprime la neutralité et crée une expression que les images seules ne peuvent rendre ?
Alors la musique neutre existe-t-elle vraiment ?
Lorsqu’enfin je trouvais des morceaux qui me semblaient « neutres » et correspondre à la demande du réalisateur, je m’apercevais qu’ils avaient tous les mêmes caractéristiques. Pas de mélodie ou si infime qu’elle n’exprimait rien, un rythme existant certes, mais sans attrait, des timbres plutôt synthétiques où l’expression d’un interprète faisait évidement défaut. Cela ressemblait bien plus à un agencement technique de sons et de rythmes qu’à de la musique.
Dark Future – Achim Zweschper
Mais l’art du reportage, car c’est surtout pour le reportage que l’on me faisait cette demande, a aussi ses canons, ses habitudes, ses schémas. Et l’un d’entre eux consiste à simplement souligner le commentaire ou les images de transition entre deux séquences. Dans ce cas, une musique neutre rythme le reportage sans donner de point de vue, elle souligne, renforce, accentue des contrastes. Elle est alors comme la ponctuation dans un texte, une articulation pour aller d’une idée à l’autre, d’une séquence à l’autre, pour reprendre son souffle et assimiler.